Aménager un coworking

Les espaces de coworking— ou cotravail — sont emblématiques de l’écosystème startup ou encore de l’économie collaborative. L’architecte d’intérieur se doit donc de dépasser l’aspect aménagement de bureaux classique pour penser à la conception spécifique des bureaux à partager (“Bap”) dans les moindres détails.

Pour créer un coworking apte à attirer et à retenir ses usagers, la prise en compte des caractéristiques techniques et physiques (lumière, bruit, câblage, Haut débit Internet, convivialité…) doit s’accompagner d’une réflexion globale autour des usages, qui détermineront la planification de l’espace, ou space planning, de votre coworking.


Normes, lumière, bruit, température … :

Le B.A.BA de l’aménagement d’un espace de coworking

Choisir votre type d’établissement : une question de gestion

En tant qu’exploitant d’un espace de coworking, un des premiers choix à faire est d’ordre juridique : quel que soit le statut de votre entreprise (SA, SARL…), vous devrez indiquer le type d’établissements que vous souhaitez ouvrir.

Vous aurez le choix entre l’ERP (établissement recevant du public), soumis aux dispositions du Code de la construction et de l’habitation, et l’ERT, (établissement recevant des travailleurs) réglementé par le Code du travail.

Opter pour l’ERP vous demandera de respecter des normes beaucoup plus strictes. Il peut paraitre donc nettement préférable de choisir l’ERT, qui vous permet aussi d’accueillir des visiteurs extérieurs ponctuels, mais attention : la gestion de votre espace est un critère déterminant. Si celui-ci peut accueillir des usagers librement (dans le cas d’un coffice par exemple), il sera considéré comme un établissement ouvert au public. Chaque cas étant particulier, l’idéal reste de consulter un spécialiste.

Comme pour tout aménagement intérieur, l’aménagement d’un bureau partagé nécessite de respecter un ensemble de règles strictes liées à la sécurité des personnes, aux aspects sanitaires, à l’accessibilité de l’espace, mais aussi à l’ergonomie des postes de travail et au confort général.

L’objet de cet article n’est pas d’énumérer les nombreuses normes à respecter, que vous trouverez dans le livre II de la quatrième partie du Code du travail (s’appliquant aux ERT) ou dans le Code de la construction et de l’habitation (pour les ERP). Il nous a semblé plus utile de parler des problématiques principales que l’on rencontre régulièrement sur les chantiers de coworking, en rapport avec les caractéristiques environnementales :
zoom sur la qualité de l’air, l’acoustique et la lumière.

La qualité de l’air et les aspects thermiques

La qualité de l’air dans un espace de cotravail est un aspect que l’on néglige souvent, alors qu'il est essentiel à la qualité de vie au travail. Comme le souligne l’Observatoire Actineo, un mauvais renouvellement de l’air génère du mal-être et détériore la santé des usagers. Dans un espace de coworking, penser l’aération est particulièrement important puisque de nombreuses personnes actives se trouvent rassemblées dans un lieu fermé. Il existe d’ailleurs des normes de ventilation précises à respecter.

Pour contribuer à la qualité de l’air, une climatisation réversible peut être installée. Celle-ci, réversible ou non, devient d’ailleurs un incontournable de tout espace de travail : si vous ne souhaitez pas réaliser cette dépense, prévoyez une forte chute de fréquentation de votre coworking durant l’été ! En ce qui concerne le chauffage, il faut également penser son aspect esthétique, qui influencera l’image de votre coworking. Si le sujet vous intéresse, on vous en dit plus sur la qualité de l’air, la climatisation et le chauffage dans un coworking.

Le bruit et l’acoustique dans les espaces de coworking

Selon une étude Ipsos de 2014, le bruit gêne un actif sur deux. La maîtrise du bruit dans un espace de travail partagé est primordiale : c’est d’ailleurs la deuxième demande, après le design, des utilisateurs de coworking (étude OpinionWay pour CD&B, 2016). Il s’agit de penser l’acoustique, par la qualité des cloisonnements, des joints ou encore des portes, mais aussi la réverbération notamment en choisissant des revêtements de sol adaptés, capables d’absorber les chocs. Pensez également à installer des cabines téléphoniques ou phone booths : il s’agit d’une demande récurrente des usagers pour permettre un espace véritablement individuel ponctuellement. Vous l’avez compris, le bruit et l’isolation acoustique d’un coworking sont des éléments cruciaux du bien être de vos usagers et clients.

La juste luminosité

Les bienfaits de la lumière naturelle sur le travail ne sont plus à démontrer et font l’objet d’une multitude d’articles. Or, noyer un espace de lumière artificielle a aussi des effets négatifs. Les coworkers sont des travailleurs du secteur tertiaire, dont l’ordinateur constitue l’outil principal : gare aux reflets sur les écrans. Les ombres bien dosées ont quant à elles une fonction esthétique de mise en valeur des volumes. C’est la raison pour laquelle, bien comprendre les différents aspects de l’éclairage d’un coworking participera à créer une ambiance propice et adaptée au travail des coworkers.

Concevoir un coworking qui maximise le bien-être :

Penser les usages

Coworking et space planning : comment optimiser votre espace ?

Le coworking est par définition un lieu de mutualisation : la pièce centrale de ces espaces de travail partagé est donc bien entendu l’open space, où se côtoient les usagers et leurs pratiques personnelles. Planifier l’aménagement de ce lieu de travail consiste tout d’abord à penser l’implantation des postes.

Ceux-ci doivent être dessinés individuellement, avec une attention particulière aux espaces de circulation : les volumes d’un espace de travail doivent être dégagés, en particulier quand les usagers, de plus en plus nomades, ont chacun des habitudes différentes et que leurs postes de travail ne sont pas fixes, multipliant les déplacements.

Selon une étude de Space Matrix, cinq facteurs sont à considérer en priorité lorsqu’on pense l’architecture intérieure d’un bureau de cotravail. Parmi ceux-ci, le type d’usagers est le premier : est-ce que votre coworking va accueillir des travailleurs indépendants ou des startups de taille moyenne ? Des artistes ou des techniciens ? Cela impactera vos priorités d’aménagement et de design.

En ce qui concerne les autres pièces du lieu, vous pourrez difficilement priver vos cotravailleurs d’une salle à manger et d’un lieu de repos. À vous de décider quoi y installer et quels services proposer, selon les goûts de vos prospects : canapés, café, conciergerie, salle de sieste, douches, salle de sport, etc. Les possibilités sont quasi-illimitées. En empruntant un mot-valise anglo-saxon pour résumer la tendance, on pourrait parler de design « rési-mercial » (résidentiel - commercial) : l’aménagement des coworking est pensé pour se sentir « comme à la maison », avec des lieux et services de plus en plus diversifiés, conviviaux et qui tendent à estomper la limite professionnel/privé. Les coworking sont des tiers lieux !

Enfin, nous remarquons une tendance de fond paradoxale, mais éloquente : si le coworking et le travail collaboratif ont le vent en poupe, les usagers ne semblent pas pouvoir se passer d’espaces individuels fermés. Que ce soit pour téléphoner, pour faire une réunion, stimuler sa créativité, s’acquitter d’une tâche demandant une grande concentration ou tout simplement se reposer de son voisin bavard, le besoin de s’isoler est d’autant plus essentiel quand on travaille 8 heures par jour avec plusieurs personnes à ses côtés. Penser des espaces de retrait et de collaboration de type box, auditorium, salles de réunion, room de visioconférence, zones de “rest & chill” est déterminant. Prévoyez également une cuisine suffisamment spacieuse pour accueillir pour quelques minutes plusieurs personnes simultanément, pour réchauffer un plat, laver une assiette, etc. Pensez à installer plusieurs micro-ondes, pour éviter les files d’attentes interminables, voire à opter pour l’installation d’une cuisine entièrement équipée.

À chaque usage son mobilier

L’ambiance d’un coworking, c’est en grande partie sa décoration et son mobilier.

Connaître les tendances, comme le design biophilique ou l’utilisation de matériaux de récupération, se révèle alors essentiel. Le mobilier peut aussi être pensé comme un facteur social : témoin d’un statut (siège façon trône versus tabouret bancal) ou créateur de lien (comme les bancs d’une salle de repas), essentiel dans un coworking, il contribuera au succès de votre espace de travail et dira l’âme du lieu.

Côté mobilier, le confort doit être votre première préoccupation. Parmi l’ameublement d’un espace de travail, ce sont certainement les chaises et fauteuils qui contribuent le plus au bien-être… Ou au mal-être. Gare aux chaises de récupération : certes, elles conféreront à votre espace un charme vintage décalé, mais les dos des coworkers risquent d’en souffrir. Le poste de travail ne peut se passer d’un siège ergonomique, réglable et à roulettes : et, non, elles ne sont pas toujours laides ! Des alternatives très design se multiplient sur le marché.

Il existe même des postes de travail modulables « assis-debout » pour celles et ceux qui ne supportent pas la station assise toute la journée, réputée mauvaise pour la santé : les bureaux montent d’un cran, pour permettre aux usagers de travailler debout et dynamiser les heures de bureau. Il est encore difficile de dire si cette tendance va se généraliser, mais elle se banalise outre-Atlantique.

Si vous tenez toujours à vos chaises chinées à la brocante, pas de panique ! Elles pourront trouver leur place à l’espace détente ou au coin repas du coworking. Sièges de travail, fauteuils de lecture, bancs de discussion, canapés pour somnoler ou sofas pour s’affaler : une seule règle d’or, à chaque usage son mobilier et à chaque coworking son style !

Pour aller plus loin :

Notre dossier aménagement de bureaux